L’antitsiganisme condamné par un tribunal à Gand

Un message clair adressé par la justice en Flandre : le racisme n'a pas sa place dans notre société, y compris à l'encontre des Roms !  (In English)     
 

Ce lundi 7 octobre, le tribunal correctionnel de Gand a condamné 12 personnes pour agression raciste envers une famille rom. Cette décision constitue une première en Belgique, où les comportements et discours racistes à l'encontre des Roms sont généralement minimisés ou ignorés.

Les condamnés sont un groupe de supporters du club de football de la Gantoise, qui se sont introduits dans un immeuble occupé par une famille rom, dont plusieurs enfants en bas âge. Armés de bâtons, de pierres et de feux de Bengale, ceux-ci avait pour ambition claire de faire de la casse et de terrifier les occupants.

A l’heure de juger ce fait qui remonte à novembre 2017, la Justice a décrété qu'il ne pouvait en aucun cas s’agir d’un acte s'apparentant à de la liberté d'expression, mais qu'il s'agissait bel et bien d'un crime raciste, teinté également d'incitations à la haine. Le verdict résume les motifs de la décision en ces termes : « Les accusés ont déclaré qu'ils ne voulaient que faire une déclaration politique, mais cela va à l'encontre des faits. Ils étaient particulièrement agressifs et intimidants, il n’était pas question de manifester pacifiquement. Le racisme latent et le regain de violence des Roms ont certainement influencé l'attaque ».

Les peines restent cependant plutôt légères comparé à la gravité des faits et aux conséquences sur l’émotionnel et le psychologique des victimes. Parmi les principaux acteurs et instigateurs de cette agression, un a écopé d'une peine de six mois d'emprisonnement avec sursis, et l'autre, ayant fait preuve de repentance, de cent heures de travaux d'intérêt général. Sur les quinze prévenus, neuf ont été condamnés à une peine de probation autonome d'un an, où le sursis est donc lié au respect d’un certain nombre de conditions. Pour plusieurs d’entre eux, l'une des conditions est une visite à la Caserne Dossin de Malines, qui fut un camp de transit pendant la seconde guerre mondiale où des centaines de Tsiganes ont été enfermés avant de se voir expulser vers Auschwitz. De l'avis de Patrick Charlier, directeur d'UNIA, "ce type de sanction est tout à fait pertinent. La Caserne Dossin expose en mot et en images ce qui arrive lorsque la haine et le mépris prennent le dessus".  Par ailleurs, les victimes ont bénéficié d’une indemnisation de 500 euros.